du futur
Psycho
géographie
Le seuil
Au bout du tunnel
La lumière blanche
Pourquoi sortir quand le noir est si chaud ?
Le sable s’égraine sous les rayons
Mais là où je végète
Le temps est Un
Compact, circulaire
Il tourne en rond et je me consume
Sans désir
Les poumons vierges
Le ventre alimenté par son souffle
Les oreilles pleines de ses hurlements
Hésitant
Je diffère l’urgence
La fin de ses plaintes signe mon renoncement
De spectateur
En camisole
Et la fin
De ma tranquillité
Entrer dans la vie c’est lui permettre d’y rester
Refuser c’est nous achever
Une question émerge de ce magma indifférencié
La première, l’originelle
A quoi ressemble-t-elle ?
Ca y est
L’excitation est née
Le désir suinte d’interrogations :
A t’elle la peau crémeuse ?
Un voile blanc sur ses rondeurs généreuses ?
Une poitrine derrière sa joaillerie ?
Un soleil poli sur son visage exquis ?
Et encore :
Est-elle aussi belle que son époque ?
Après tout je m’en moque
Car c’est parti
Je frétille d’envies
Et lentement je glisse
Dans un bain rubis
Le tremble
Des ancres marines
Au bout de ses racines
Le vieux tremble
Tremble
Mais sans humeur chagrine
Les histoires des vents
Il en goûte les sens
À grands traits sur son
Tronc
L’écorce les dessinent
FÊTE INTIME
Flammes
Flots
Flammes et flots
Soleil éteint mais
Etoiles suspendues au-dessus des
Eaux
Climat
Atmosphère
Vagues de beauté, de
Mystères
Clapotis entre tes
Rives
Frontières biologiques
Illusoires
La foule n’est plus
Flammes et flots
Effilochent la foule
Pluie d’étincelles
Gouttes jaunes
Chaudes
Le port
Clairsemé de feux intimes
Invite au retrait partagé
Carabosse
Endosse la blouse de soignante
Blues
Entre tes oreilles danse l’électricité
Des passerelles sont jetées
Le flux autour des origines peut progresser
Énergies de la nuit
Funambules à vélo au-dessus des
Flots
Flammes
Flammes et flots
Appellent de l’aube
Boucles incantatoires
Alternance du rythme
Répétition apparente mais diversité
Insistante
Au guichet des murènes
Le renouveau est convoqué
Cercles de feu
D’eau
De chair
S’évadent de leur centre
Sans perdre leur sens
Spirale ascendante
Nuit spirituelle
A la recherche d’une autre géographie
Espace renversé
La mer au-dessus de toi
Cherchant à t’accoucher
Tunnel Tunnel Tunnel
Métamorphose
Dans un silence tamisé
Les fontaines ardentes chantent leur douce
– mélancolie aux réverbères embrasés
Le POÈME
Persistance du désir
Permanence de l’obstacle
Le poème
Comme un roulement
De langue
Qui racle
Avance
Se retourne
Se détruit
Mais avance
Sans cesse
Remodelé
Et pressentant
L’oracle
Éléonore
Tu tournes, tu tournes
Tu montes et tu descends
En cela imitant
La course des astres
Le soleil s’agenouille
La lune rougit
Quand tu ondules ainsi
Et le vent ?
Que fait le vent ?
Coquin il se faufile
Pour venir se chauffer
Au plus près
De ton centre de gravité
Gravité de ta solitude
De ta tristesse infinie
Car indéfinie
Tournoyant sur elle-même
Entre tes deux yeux
Mi-clos
Paradoxe du moment
Cette gravité
Tu la danses
Avec légèreté
Un pas
Un autre
Suspendue
Entre ciel et terre
Comme sur un fil
Tendu
Entre deux amours
L’un disparu
L’autre
A venir
Au prochain lever du jour
Prochain carrefour
Prochain corps à corps
Éléonore
Écoute les cordes jouer
Et continue de danser
De peser
De tout ton spleen
Avec légèreté
L'amoureux
Assis sur le parapet
L’amoureux s’impatiente
Ah le temps
Attente haletante
Sous ses yeux la mer bleue
Alterne les tendances
Sa poitrine est grand’ salle
Aux fenêtres battantes
MaÎtre du désordre
Topu, Seth, Legba
Ou autres avatars de l’éclair qui déchire
Et détourne le cours des jours endormis
En éclat sous ton souffle volent les tableaux
Taches scintillantes de poussières infinies
Pixels éparpillés, endoloris
Topu, Seth, Legba
Ou préfères-tu Tomanik, Sekhmet, Dionysos
Qu’importe !
Tes colères déborderont toujours les coulisses de la classe affaire
Chambouleront ce qui semblait canalisé
Semblait s’achever
Topu, Seth, Legba
Insaisissable, imprévisible
Effrayant quand tes cheveux se rétractent de ton crâne
Pour tomber en cascade de ta bouche en grimace
Seul un message de douceur peut apaiser ton débit
Ton excès, ta furie, ton désir d’invertir
Topu, Seth, Legba
En un mouvement je redécouvre la bête
Et côtoie les Dieux derrière les pans de la peur
Formes, limites sont à redéfinir
Le déchirement appelle une nouvelle création
C’est aussi cela la vie
Topu, Seth, Legba
Quels rituels permettront de passer le seuil et
D’agréger les décombres à l’ombre de ton calme retrouvé
Plumes, cornes, trompes et cloches
Flammes, parfums capiteux
J’enivre mes certitudes et ponds des oeufs malicieux
La poésie
La poésie c’est la
Tentative d’élucidation
D’une émotion qui ne dit pas
Son nom
C’est un pont jeté
Entre sensible et raison
La poésie c’est le
Trou noir du mystère
Dans un tégument de mots
C’est l’écale des jours
Sur le fruit du secret
Corde tendue en fibres de cristal
Notes suspendues défiant l’abyssal
La poésie est chant
Des arcanes du lien
MELPOMÈNE
Sous ton manteau de laine
Troublante Melpomène
De doux doigts se promènent
Entre tes seins sans gêne
Ravissant phénomène
Sourires et soupirs
S’échappent des persiennes
Entre tes bas de laine
Tragique Melpomène
Des hommes se promènent
Désirant ton hymen
Terrible phénomène
Cris fétides et rires
S’échappent de ces hyènes
De ta bouche sans haine
Chanteuse Melpomène
Tes paroles nous mènent
Vers un pays sans chaîne
Au cœur du phénomène
Le désir de fleurir
Une chape de peines
Entre tes lèvres zen
Pulpeuse Melpomène
L’amour t’a élue reine
D’un monde enfin pérenne
Aimable phénomène
Que de voir s’épanouir
Des rapports plus amènes
APPEL DU PIED
Perdu dans ta sombre consigne
Le stylo raide comme fer
J’invoque des ombres un signe
Pour de ce dédale m’extraire
Huit pieds ne suffiront guère
A vite atteindre la sortie
J’étouffe sous tes mots pervers
Subjugué par tant d’infamie
Comment as-tu ma tendre amie
Pu trahir notre amitié
Pour quelques vers de poésie
Au rythme lourd style inquiet
T’imaginant mon alliée
Pouvais-je te savoir maligne
Mais tu restes ma moitié
Je te dédie ces quelques lignes
RUBAN BLANC SUR LUNE PÂLE
Ruban blanc sur lune pâle
Invite à table les tourments
De la quête évidemment
Exploration orbitale
Question abyssale
Toujours autour du vide s’enroule le serpent
De poésie des briques
Furètent dans ma tête
En direct capter
A l’écrit de l’esprit
Les produits
J’assiste tout tremblant
Au spectacle alternant
Les troubles de l’instant
Pic de plexiglas
Pile la glace
Pourpre
Frémissement de fœtus
Sur son ventre replié
Solitude
La pluie flaque les trottoirs
Fléchissement de l’espoir
Langueur
Bise à l’ascension de toi
Lèvres en virgule
Envol
Une vie suffira t’elle à apprivoiser ces mouvements ?
QUATRAIN RÉGICIDE
Les rois, princes et reines
Au lit sont à la peine
Sous leurs draps des couteaux
Asticotent leurs veines
REQUÊTE IMAGINAIRE
Dépassé le zénith
Le soleil maintenant
Entonne sa détente
Sec
Vivifiant
L’air excite les peaux et les réseaux cérébraux
Finie la torpeur des ambiances calfeutrées
La promenade sonne
Un peu tard peut être après une matinée passée dans un état de confusion vague
Le renouveau des énergies
Malgré l’hiver
Malgré le froid et la lumière moins durable
La garrigue explose à cœur joie ses couleurs pénétrantes
Au bout du chemin
La mer et ses oscillations
Attendent sa visite
C’est la première fois qu’il se présente si tardivement
Devant elle
Les doutes de la nuit
Le combat intérieur
Les appréhensions du matin
Se diluent dans les bleus marin
Aérien
La contemplation du paysage
A soudain sur lui
La vertu suivante
Un profond relâchement
Puis comme un franchissement
Une alliance avec l’alentour
Le dilatant, le densifiant, l’intensifiant
Du gouffre de son intimité s’élève alors un chant
Le chant qui ces derniers jours déjà
Demandait le retrait de la mer
Mais le chant à ce moment
Est gagné par le présent
Et provient de si loin
Il atteint le cœur de l’eau
Elle l’écoute
Touchée
Et recule sur une grève maintenant libérée
SOUS LES ARBRES
Les squames de l’eucalyptus
Jonchent le sentier où
Je divague sans voir
La mer
Jadis les pleurs du saule
Dégoulinaient dans la fosse près de
La maison trop carrée
Et alimentaient les têtards
Les croassements du printemps étaient pressentis
Ils furent longs à se faire entendre
Pas à pas j’avance
Et me remémore encore
Sous les cerisiers du Gers
S’ouvraient en mai les bouches avides
Des écoliers échappés
De la cour de récré
Le chemin
A présent se perd
Dans la colline
Le soleil décline
Mes pensées ressassent des scénarios insensés
L’irrésolution menace
Les ombres des pins irriguent
Les cultures en terrasse
De plaisir ou de froid
D’amour ou de chagrin
De peur ou de désir
Tel l’arbre bien nommé
Je tremble
La vie m’agite toujours autant
Mais maintenant plus de crainte
J’aime ça
FUNÈBRES BANALITÉS
À la lueur des feux follets
Les pierres tombales
Murmurent leurs épitaphes
« À quoi sert de vivre
si l’on souhaite que soir
soit égal à matin ? »
« Les petites vies
S’envolent
La vraie vie reste. »
« Passant oublie ton
Chagrin
Continue la fête. »
Sur ces mots patinent
Des fantômes immarcescibles
Régalez-vous, esprits anarchistes
Bousculez l’ordre des vivants !
« À quoi sert de s’envoler
Le chagrin continue »
« Soir, matin
La vraie vie reste la fête. »
Et les fantômes s’accouplent
Sous un ciel de diamants
Sans bitte où amarrer leur élégance
Et la braise froide de leurs ébats
Éclabousse le sol d’une rosée blême
Jusqu’au matin glauque des espérances
ÉTERNUEMENT
Éternuement dans la rue
Interruption de lecture
Le ciel est d’un bleu ce matin
SCHIZOPHRÈNE RECONNU
Celui qui, triste au creux d’une épaule de femme
Celui qui, volonté sous la couette
Celui qui, bonheur aux objets égarés
Celui qui, classique, contraires mariés
Celui qui, parole illusion des âmes
Archipel d’îlots diffractés
Schizophrène perdu
Celui qui, souhait du malheur des autres
Celui qui, désordre maniaque de l’hypocondriaque
Celui qui, valises sans voyage
Celui qui, bateau blanc à travers les âges
Celui qui, aux bottes des apôtres
Archipel d’îlots diffractés
Schizophrène reconnu
Celui qui, amour sans trombone
Celui qui, branle-bas combat d’orgasmes
Celui qui, miroir de la connaissance
Celui qui, imprévisible hyperconnecté de sens
Celui qui, crises à la bonne
Archipel d’îlots diffractés
Schizophrène recousu
GOURMANDISES ET MARCHANDISES
Errance dans la salle de
L’abondance modérée
Du potlach fin des feux
Consomption achevée
De tristes déchets
Jonchaient naguère l’asphalte
Aux pieds de larges colonnes
De basalte
Après application
Du principe partage
L’excès de marchandises
Brûle dans la joie
Gourmandises sans âge
Flammes de l’émoi
Des cendres renaissent
De sobres vérités
Et la mer se permet
Le superflu des vagues
Le vice se consume
Débordement des eaux
CYCLE
Naïade endormie
Dans ta bouteille
En plastique
A peine un frémissement
Quand tout prêt
Ton prédateur s’agite
Magnésium 2
Virgule 5
Nitrate 0 8
Prétentieuse étiquette
Pense t’elle te circonscrire ?
Mais le songe n’est pas
La mort
Et entre tes liaisons
Persistent des images où tu coules
A vif
Sur des peaux fatiguées
Des terres asséchées
Des foyers déchaînés
La pellicule
Qui moule les corps après la pluie
Porte ta mémoire et tes bienfaits
Bientôt vient le temps
De l’évasion toujours
Recommencée
Et tu files au goulot
Reprendre le cours de ton cycle
L’AUTOMNE
C’est l’automne
Les circonvolutions de l’angoisse
Me camisolent
Dans le ciel
Le soleil perd de son élan
Bientôt
Il faudra se baisser pour passer dessous
Là-bas
La mort presse le pas
Les Caraïbes sont loin
Telles des triques
Des vrilles
Des piques
Tombent drus des propos sans bride
Vipères soudain pressées
Mes viscères oppressées
Cherchent refuge au cœur de leur territoire
À l’horizon
Les portes referment leurs histoires
Ici
Il fait bientôt noir
LE LIVRE
Le livre est miroir
A double face
Sans tain il permet de voir
A l’abri derrière ses pages
Les hommes et leurs paysages
Mais après subtil étamage
Sont dévoilés nos visages
Ilots perdus dans la moire
De notre surface
Illusoire
IMAGES ET SENS
Ballets de martinets
Sur cris de goélands
Du coucher l’orangé
Le temps lent de l’instant
Cœur agité cherche fin
Des hostilités
Pause de l’élan
Propulseur en suspens
Ombre de l’ombre
Dansant entre
Son double et le soleil
Merveille
Poèmes facturés
Ou vers consignés
A rapporter après lecture
Cassure
Là où toute image
Moule des évidences
Le stylo court
Happé par le sens
Je tourne en rond
Dans le silence
Et suis mu par des pensées
Affolées par ton absence
J’ai fait le tour de la terre
En apparence une sphère
Mais de retour au départ
L’altitude a changé
Spirale sans fard
Jours gansés de joies et de soleil
Belle de rue
A la poitrine décapotée
Un souffle
M’habite
Qui continuera son chemin
Bien après moi
PSYCHOGÉOGRAPHIE DU FUTUR
Une fenêtre s’ouvre
Sur une ruelle de la ville
Et
Taché de neuf
Je pars à la dérive
Le maître des lieux
Semble les avoir désertés
Les ficelles des habitants
A leurs membres pendent encore
Seuls leurs sourires
Toujours cryogénisés
Laissent entrevoir la situation
Des cyborgs sans laisse
Jadis laser au faisceau nacré
S’ébrouent sur la place du marché
Ravis d’envoyer leurs puces
Electroniques valser
L’hologramme
D’un groupe légendaire
Se joue du temps
Se roulant à terre
Je voyage en translation
Sujet à ta contemplation
Et me retrouve sous ton balcon
Tu t’épiles puis tu t’effaces
Arbres chassés de ta surface
Pourtant ta trace tambourine
Laissant traîner une peau crème
Le crépuscule d’une poitrine
Les rues
Tendent vers l’ailleurs
Leurs angles
Mystérieurisent l’attente
L’inconnu se meut sous des voiles opaques
Interdisant la sécurité de son emploi
Le futur reste une aventure