de ndongo

Quatrains

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cycle 2

LE BOIS SACRÉ

« L’escargot ressemble au poète : il lave sa langue sur la route de son voyage. »

Mia Couto, Tombe, tombe au fond de l’eau

Parti au bois sacré le jeune homme revient

Beau fort enthousiaste d’un trésor le gardien

Cette Vie qui l’anime et cherche à s’accomplir

Exige de son fait art et amour du bien

Belle leçon la mort en elle l’on saisit

Sous ses aspects retors le moteur de nos vies

Elle tourne et détruit tout ce qui s’organise

Jeu goulûment pervers elle aère la Vie

 

Des gabians survolent les toits de la cité

Vers la mer une brume expire et disparaît

Sur les monts le soleil dépose ses rayons

Et nous sur le balcon tendrement enlacés

 

Toi là ne laisse pas ta pensée aux experts

Et ton corps sans égard traîner aux vestiaires

Reprends ta route en main maîtrise ta conscience

Et de toi des autres serein tu te libères

Il rampe dans mon cœur, le sentiment mauvais

Peur ou orgueil rancœur ou culpabilité

Sans oublier la joie devant l’échec des autres

A quoi bon l’ignorer ? Vois, éclaire ce fait

 

Droit dans sa pirogue sous un ciel vert et rose

Le vieil homme en extase abandonne sa prose

Le courant l’emporte lui rame et laisse faire

Son unique dessein : cueillir les belles choses

 

Le fleuve est ainsi fait on avance de biais

A cette imperfection on ne peut remédier

Les erreurs chaque jour éprouvent notre éveil

Les reconnaître c’est à l’amour s’initier

 Caresser les affres du dégoût sous les astres

De mon ombre chanter geste et goût du désastre

Me pourlécher la mort puis des caves m’extraire

Et tout feu tout flamme fondre porte et palastre

 

Je suis une énigme d’indices clairsemée

Un palpitant puzzle aux pièces parsemées

J’enquête je cherche ne sais si trouverai

La clé d’un moi secret d’un Tout bien arrimé

 

Dans tes yeux perdre pied sur ton cœur reposer

Sous tes doigts palpiter sur ta peau déposer

Contre tes seins vibrer sur ton ventre souffler

Dans ton dos ronronner entre tes mots : oser

À m’agiter sans cesse et à faire sans sens

Autour de mon centre je gravite en errance

Le verbe en citation le corps en perdition

Je perds la sensation tremolo de la transe

 

Il était une fois l’ardent rouge de l’ire

Le monstrueux combat de feu l’Hekatonchire

Le bleu vint à passer a passé la colère

Le ciel redevint plein de réels à venir

 

Quelle rage te broie quand impuissant tu rampes

En pleurs s’enfuit la vie quand tu manques de trempe

Relève la tête sa maison est le ciel

Et marche vers l’obstacle en évitant les crampes

Les peaux s’offrent au vent et les cœurs s’accélèrent

Se cherchent consentants chauffent l’imaginaire

Doux rêves indécents désirs incandescents

Aucun doute présent c’est la fin de l’hiver

 

Oyez la distinction de l’anarchiste errant

Il lie votre attention armé entre ses dents

D’une aiguille perçante aux idées engageantes

Tout contre vous il chante au monde un nouveau plan

 

Dans le noir de nos yeux une nuit sans étoile

Invite à la peupler d’une amitié sans voile

Présence réciproque assurée exigeante

En pairs nous palabrons au pied d’un puissant poêle

Assis sur nos coussins dans ce salon de thé

Nous conversons sereins goûtant la volupté

De nous donner sans fin de recevoir sans frein

De l’amour le refrain nous avons adopté

 

Il a voté pour eux tel et tel présidents

Sa queue a remplacé sa langue entre ses dents

Sa semence se perd ses mots vont en enfer

Consumer os et chair dans un feu trop ardent

 

J’ai peur de n’être pas je rêve d’être tout

A l’adret de la crête un désir manitou

A l’ubac une crainte ulcéreux souterrain

Sous la vague un état calme et stable un atout

D’une main saisis un crochet de charcutier

Pénètre une narine en joie sur ce chantier

Pique ! Tire le bien l’ego monomaniaque

La cervelle avortée bâtir l’humanité

 

Au sein de leur alcôve homme et femme convergent

Coulée libidinale entre leurs douces berges

L’une accueille et l’autre rayonne sous la lune

Nos hôtes réunis l’orgasme les submerge

 

Effacé cet enfant en retrait attendant

L’appel d’une autre voie aux charmes florissants

Il est aujourd’hui grand naviguant de l’avant

Détaché du passé fécondant le présent

Bonjour et bienvenue dans le monde subtil

Ici tout est magie jamais rien de futile

Qui sait poétiser y trouvera sa clef

Ici tout a du sens et danse au bout d’un fil

 

D’abord le silence. Puis chante le quatrain

L’autre silence suit levé comme du pain

Le son de la voix meurt la parole demeure

Et accomplit son œuvre améliorer le grain

 

Ils t’ont bousculée là tragique Melpomène

Et volé ton hymen leur sexe empli de haine

Mais ton cœur vibre et bat tes lèvres de surcroît

Possèdent cette aubaine : leurs chants lavent les peines

À son rythme la Vie alterne les tendances

Se repose et agis accumule et dépense

Se replie et s’étend variant ses effets

Souple et rude et stylée en spirale elle danse

 

Un canal créateur voilà ta vérité

Un souffle t’inspire et l’intime traversée

Alchimise ton être expire ton bel œuvre

Tamiseur modeleur voilà ce que tu es

 

Tu n’auras pas ma peau et point desquamation !

Criait l’eucalyptus sûr de sa position

Mais le temps se fait fort d’user les vaniteux

Et il le pela bien tel un modeste oignon

Ôte tes vêtements Toi lumineux Esprit

Et retourne t’en sûr ton dessein accompli

Tes erreurs expiées épreuves surmontées

Sur la voie du parfait poursuis tes autres vies

 

Nous sommes de passage exilés sur la Terre

Respectons nos habits propriété des vers

Affûtons notre esprit éclairons et relions

Dès lors un brin plus sage exaltons l’Univers

 

Une pluie de soleil à vous assécher larmes

Et vagues de tristesse d’une grève sans arme

Le plomb de tes rayons infléchit-il nos cœurs ?

Instille t’il torpeur ou changements et charmes ?

Sur l’empire de la glace tes rennes courent

Surgis de nulle part ils s’en vont sans contour

Mais bientôt apparaît sous leurs pieds un tracé

Le signe d’une étoile un écho de l’amour

 

Un deux trois et quatre vers fins se décomposent

Des lettres s’échappent de leurs mots en nécrose

Et s’en vont s’agréger pour former du nouveau

Déjà mort car la Vie jamais ne se repose

 

Trouver ma parole c’est sculpter le réel

Offrir à mes idées en place de leurs ailes

De fidèles pieds et là modifier

Par mes caracoles le chemin éternel

Du temps et l’éternel se laisse percevoir

De la matière et le vide se fait voir

Du son et l’on entend le silence béant

Le monde toi et moi et la Vie sort du noir

 

La Vie tremble et frémit imperceptiblement

L’on croit que ça ne bouge et soudain brusquement

L’équilibre se rompt le désordre s’installe

L’on croit que c’est la fin c’est un avènement

 

Je sais qu’il ne m’est pas possible de connaître

Les secrets du cosmos la vérité de l’Être

Pourtant je suis content d’entamer cette quête

Elle guide mes pas et m’incite à renaître 

La joie d’une veillée sous des feux tamisés

La rencontre de cœurs ouverts à la beauté

Ivres de possibles leurs paroles scintillent

Là des étincelles prophétisent les fées

 

Il est tôt sur ta voie mais tu sembles déjà

Revenu de ce qui : fut, est, même sera

Décale ton esprit cesse la surenchère

Et vois dans le banal le luxe d’être là

 

Le poète est tombé sous les pleurs un beau soir

Que la pluie parfume son œuvre sa mémoire

Que ses vers éclairent les abîmes du monde

Soulèvent les âmes et insufflent l’espoir

Nous sommes dieux masqués, déesses déguisées

Sous nos étoffes se cachent nos qualités

Quels noms portent-elles ces perles infrangibles ?

Présence Amour Partage et Singularité

 

Un temps pour les idées un temps pour la parole

Un temps pour agir et un temps pour le survol

Ainsi je progresse sur une mer instable

Entre deux îlots d’ordre accompagné d’Éole

 

Ardent fort et tremblant sous les assauts du vent

Seul dans ma différence aux autres ressemblant

Saurais-je dans l’épreuve ouïr ma vigilance

Et face au doute œuvrant répondre à moi présent ?

Chaud panégyrique dédié aux dieux aimables

Le gâteau de vers cuit sur la langue impeccable

Le transfert entre toi et toi ivre de joie

Se poursuit sous les mots servis à cette table

 

Tant de tentatives que la serpe émascule

D’arborescences tues dans l’air des noctambules

Générations frustrées renoncent à rêver

Restent l’invective et l’odeur des renoncules

 

PC tablette écran plats cardiogramme plat

Pouvoir flouze IRM blues cercueil raplapla

Mais l’amour, O l’amour ! Et le cœur en ventouse

Le corps vif au grand jour la tête en entrelacs

Habitude invariant figer vagues et vents

Autant dire à l’enfant d’éviter son présent

Quelle mise en peine pour un refuge vain

Le sang dans tes veines risque fort l’accident

 

Flâner dans la piscine en l’absence de rues

Clope au bec seins dans l’eau dessous la lune drue

Repêcher un enfant tombé de son jeu blanc

Instant lent de cristal doucement incongru…

 

Crie de zéro à un, ordonne la chamane

Tu entendras la Vie merveilleuse et insane

Adhère au modéré teste l’intensité

De la vieille les mots claquent sur mes membranes

Achetez/tout ce que//vous pouvez/jolis cons

Point com : pas d’ivresse et//en euros les flacons

Sexe/argent/pub/moteurs//de recherches pas nettes

Doigts accrocs/plaisirs mous//visages rubiconds

 

Rêver imaginer vouloir participer

Culbuter le réel ressaisir façonner

Relâcher l’emprise laisser la forme acter

Evaluer l’impact et… s’il se doit retailler

 

Les sirènes de l’anxiété étouffent les

Sereines mixités étoffent les ourlets

Les fils de la discorde essaient en vain de nuire

Aux fées de la concorde au bruissement des laies