de ndongo
Quatrains
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cycle 3
QUINTESSENCE
« (…) la vertu mystérieuse des imperceptibles modulations »
Paul Valéry, Eupalinos ou l’architecte
Aux portes de l’éveil laisser place au silence
Après interruption laisser vivre l’absence
Laisser filer les mots glisser l’espace-temps
Laisser lâcher et là fleurer la quintessence
Sois plus attentif à ta faculté d’aimer
Qu’au doux fait d’être aimé me souffle une ipomée
Volubile elle pousse et me disperse aux vents
Étourdi mais confiant je ne peux que l’aimer
Une coulée verte transperce la cité
De la valériane envahit les pavés
Près des boules d’obier les chiffres vont par trois
Et coquelicot roi rebat droit de cité
A l’orée de l’hiver paisiblement s’endort
Entre deux hameaux morts le bois au charme d’or
Seuls quelques pépiements égayent son sommeil
Les peupliers dès lors rêvent de météores
Scellé dans mon caveau de chair d’os et de sang
J’écoute le silence instaurer sa présence
Au loin bat sans souci le tambour de la spire
Sur les fracas du monde et son destin de sang
Jour de paix à l’abri des grains de la pensée
Ramasser des galets faire des ricochets
Le ciel et ses sillons se prennent pour la mer
L’onde sur la rivière attribue ses bienfaits
Un souffle me traverse et fait des clapotis
Sur les berges de l’être naissent des frisottis
La cuirasse se fend les habitudes tremblent
De la vie dégourdie j’entends les chuchotis
Plutôt que se fixer se mettre en marche et
Sur les chemins glaner des perles de beauté
Ensemble les lier en faire des quatrains
Puis à la vie chanter ses quatre vérités
La peur à la quête du contrôle nous lie
Maîtriser les courants haïr les friselis
Relâcher ses craintes c’est laisser notre esprit
Libre d’admirer la mer lapis-lazuli
Je ne suis pas moi et c’est pourquoi je dis jeu
Constellation de mois contradictions et mieux
Orchestre symphonique à la baguette folle
Et parfois harmonie envol de notes bleues
Acception de la mort déliaison pour une
Recombinaison d’or inconnue opportune
Ci-gît le renouveau aube sur un tombeau
Précédée des mille joyaux de l’interlune
Dans les senteurs des pins dansent elle et lui
L’océan les invite au bain de minuit
Leur baiser iodé excite la marée
Loué ce tendre jour où rien ne nuit
Main dans la main frère et sœur filent leurs idées
Cabane en carton peint, concert de jouets cassés
Œil pour œil jeu pour jeu les génies en action
Réinventent le monde en mode émerveillé
Moins d’intention plus d’attention possible voie
Laisse se présenter les lueurs devant toi
Des bougies éclairent l’horizon de tes veines
L’avenir des humains dépend aussi de toi
L’autre est là près de toi tout contre et aussi contre
L’instant est en suspens pressentant la rencontre
Sous les mots et les sens l’étincelle jaillit
Seuil transformateur où l’impermanent se montre
A l’autre page Emmanuel trouve une autre aile
Et s’envole sereine entre les citadelles
Pas de mascarade sous son beau mascara
Juste un saut de frontière entre lui et elle
Le jour d’été paraît sous un soleil repeint
De sa branche un pinson applaudit des deux mains
Des rochers dévale la cascade bavarde
Le temps de ne rien faire et la joie s’en revient
S’enfermer dans les mots c’est folie et prison
Le langage est nuage et non précis de sons
De significations alors fi des enclos
Et cherche entre les mots le sens du tourbillon
Au faîte de la colline festoie la vie
Libellules et papillons volent ravis
Sous mes pas aguerris grésille la garrigue
Au bal des gouttes d’or le genêt me convie
Des nuages montent à l’assaut des falaises
Dans le brouillard paissent des vaches avec aise
Va randonneur aveugle en paix sur cette terre
Du ciel ton pas te mène à l’abri des mélèzes
Sur la crête le vent chevauche les nuages
Dénude les arbres sculpte le paysage
Soudain le saint soleil soulève les couleurs
Bousculé je m’en vais en quête d’un visage
Le soleil dégringole de son piédestal
Les ombres s’étirent jusque la cathédrale
Elles vont se fondre dans le sombre indistinct
Creuset du lendemain promesse picturale
Je connais une femme ouverte au chamanisme
Son esprit aguerri volette sur un isthme
Le geai bleu son ami entre deux feuilles siffle
D’envoûtants arcanes qu’elle chante sans prisme
Quand la nuit tombe à l’ouest que sourd le mal à l’âme
Quand ton cœur se resserre élève ton calame
En cascade des mots chutent sur ton papier
Charriant de l’amour à vous dédié Madame
Influer un temps sur le cours de ton destin
Et déposer tes seins dans le creux de mes mains
Étoile riante nue comme une aphyllanthe
Tu fuis et je te suis objet de ton dessein
De temps à autre
Une libellule
Réclame un poème
Sautillante ta joie estompe mon ennui
C’est un soleil alerte au fin fond de ma nuit
Le quatrain épouse la pulsation du monde
Et moi ton sourire ton regard qui dit oui
En tout temps en tous lieux ton sourire me grise
Dans mes hauts et mes bas je recherche ta bise
Au fin fond de tes yeux à bord de ta parole
Dans tes replis moelleux de l’amour m’électrise
Seul dans mon insomnie je lance un mot vers toi
Il concentre en un point l’émoi que j’ai pour toi
La balle fait mouche pollinise ton âme
Balistique du cœur bel amour se déploie
Au plus profond de soi trouver l’Eldorado
Une source d’or pur d’où jaillissent les mots
La nuit créative bain de sublimation
Douche les illusions et redore le beau
Si tu aimes la vie dégage le système
Réfrène tes envies compose des poèmes
Cohabite avec l’Autre animal végétal
Et fais de Polaris ton étoile totem
Tu parles et tes mots décalent interpellent
Tombent des nuages des gouttes de réel
Ainsi le monde incline à un autre futur
Où un souffle nouveau réalise nos ailes
Sous ses airs fragiles une force la porte
Elle s’ouvre sans grain sésame de l’aorte
Ses âmes la gigotent au chœur elle s’emporte
Chantée aux quatre vents elle sonne à ma porte
Dans tes bras rêvasser dans tes mots me lover
Sur ta peau caboter contre toi mignonner
Doux chatoiement des sens aquarelle d’humeurs
T’aimer est un délice à tendre intensité
De sa main rêveuse désireuse d’un homme
Elle explore sa peau rend hommage à ses formes
Un fantasme l’habite indicible entrelac
Son bijou étincelle et la vague l’emporte
Affection familiale amitié fraternelle
Amour de soi de l’autre amour est arc-en-ciel
Peau à peau attirant dévouement de l’apôtre
Feu inconditionnel l’amour est pluri-ailes
Mu rêva éthéré à ses erreurs passées
Hybris exacerbé ego démesuré
A l’orée du siècle le continent s’éveille
Et retrouve merveille à simplement aimer
Mu par son intuition boa foisonnera
Au sortir de la jungle en chantant renaîtra
Venu guérir par l’art la raison trébuchante
Boa croise en chemin guerrier à blanche aura
Caresse de l’esprit nourriture de l’âme
Source de tout délice essence de la flamme
Perle de promesses soleil de toute nuit
Océan Infini toi ma chérie ma femme
Climat chaud et moite sous la couette de soie
Sur ta vague j’ondoie ton écume je bois
Nos marées déferlent après grisants tangages
Deux amants sans âge toi et moi en émoi
Suspendre tout projet vivre dans ta présence
Seulement s’écouter définir notre instance
Passer d’une âme à l’autre et s’égarer gaiement
Ouvrir notre futur conter notre naissance
Des lèvres de sa plume un souffle inchoatif
De ses nécessités un big-bang créatif
Germent sur les ondes des mots au goût fleuri
Flèches éphémères de tir performatif
Petit Papillon porté à ébullition
Vole vers le point de lente transformation
Au passage des sédiments de sentiments
Interrogent leur sort mouvants échantillons
Les piérides chantent dans les prés le printemps
Les prunelliers en fleurs floconnent à mi-temps
Entre les cailloux blancs se posent les pensées
Lentes et apaisées du promeneur content
Ralentir s’isoler et s’approcher du vide
Observer ses craintes ses espoirs impavide
Assister en silence aux saisons de l’esprit
Trémolos précédant le temps des chrysalides
Nuage égaré dans le bleu azuréen
Se décompose et se recompose sans fin
Vague amphore ou danseuse émeu ou mandragore
Ne naît ni ne meurt et transite sans tocsin
Aimante vivante toute à sa pétulance
La vie anime et tue sans fard et sans outrance
On naît l’on meurt voilà la sèche vérité
Entre les deux un choix grisaille ou pétillance
Frémissante feuille frêle et fidèle au vent
N’a cure des soucis n’épouse que l’instant
Dans son vert ne se terre aucun oiseux espoir
Non plus de peurs du soir juste le libre élan
Confiné au foyer l’homme ronge son frein
Le reste du vivant questionne son destin
Que faire de ce fou avide et tourmenté
Réfréner ses excès recentrer en son sein
Après le virage suivre la voie des signes
Les anciens te guident fie-toi aux sceaux insignes
Le vol d’un oiseau rare un rocher trémulant
Tout message étonnant sur un mur curviligne